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Évolution de la question du Barrage de la Renaissance

jeudi، 17 octobre 2019 - 11:02

La crise du Barrage de la Renaissance, qui vient de franchir le seuil de huit ans, s’impose toujours sur le cours des événements, surtout après la proposition technique équitable que le Caire a mise en avant.

Cette proposition prend en compte les intérêts de l’Éthiopie et ses besoins en électricité, qu’elle prévoit satisfaire en construisant ce Barrage, sans pour autant desservir largement les intérêts hydriques de l’Égypte et réduire son quota dans les eaux du Nil, estimé selon le Traité de 1959 sur le partage des eaux du Nil à 55 milliards de m3.

L’Égypte a fait cette initiative après que les négociations directes qui ont été entreprises entre les trois pays concernés, depuis la signature de l’Accord de principe en 2015, se sont trouvées dans un cul-de-sac.

Ces négociations qui se sont étalées le long des quatre dernières années n’ont pas, hélas !, abouti à un progrès tangible, d’où la nécessité impérieuse d’un rôle international efficace, attendu pour passer outre le trébuchement des négociations, pour rapprocher les points de vue des trois parties concernées, pour parvenir à un règlement équitable et équilibré, fondé sur le respect des dispositions de la loi internationale qui orchestrent la gestion et l’usage des fleuves dans le monde et qui permettent aux États de profiter de leurs ressources hydriques sans porter préjudice aux intérêts et aux droits des autres parties.

Ces éclaircissements ont été fournis par le porte-parole de la Présidence égyptienne, l’ambassadeur Bassâm Râdi, qui a commenté le discours du Président Abdel-Fattâh al-Sissi devant l’Assemblée générale de l’ONU, dans lequel il a affirmé que l’Égypte accueillait favorablement tout effort international consenti à titre de médiation pour parvenir à l’accord requis.  

Râdi a également annoncé que l’Égypte accueillait favorablement la déclaration émise par la Blanche et relative aux négociations en cours sur le Barrage de la Renaissance.

La dite-déclaration affirme le soutien qu’accordent les États-Unis à l'Égypte, au Soudan et à l’Éthiopie, afin de parvenir à un accord sur les bases du remplissage et du fonctionnement du Barrage éthiopien de la Renaissance, de sorte à contribuer à la réalisation des intérêts communs des trois États.

Dans la même déclaration, les États-Unis ont demandé aux trois parties de faire preuve de bonnes intentions, afin d’envisager un accord susceptible de préserver le droit au développement économique et à la prospérité, tout en engageant chaque partie à respecter les droits de l’autre dans les eaux du Nil.

Quant à la réunion tripartite des ministères de l'irrigation de l'Égypte, du Soudan et de l'Éthiopie, tenue en octobre 2019 au Caire pour débattre sur le dossier du Barrage de la Renaissance, le Président al-Sissi a déclaré sur les réseaux sociaux qu’elle n’a pas abouti à un résultat positif, ajoutant  que « l'État égyptien, avec toutes ses institutions, tient à protéger les droits égyptiens dans les eaux du Nil, que l’Égypte continuera à prendre toutes les mesures politiques nécessaires pour protéger ces droits, dans le cadre des dispositions de la loi internationale, et que ce Nil éternel continuera à attacher fermement le Sud au Nord avec les liens de l’histoire et de la géographie ».

Dans le cadre des efforts égyptiens, déployés pour mettre la communauté internationale face à ses responsabilités, le Président al-Sissi a fait état du point de vue de l’Égypte vis-à-vis de la crise du Barrage de la Renaissance lors de son discours devant la 74e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Il a alors affirmé que les eaux du Nil était une question de vie et d'existence, et que la décision unilatérale prise par l’Éthiopie et relatif au remplissage du Barrage de la Renaissance avant de parvenir avec les autres parties concernées ni à un accord ni à un cadre organisationnel était un indicateur de risque qui signifie la réduction du quota qui doit nous arriver, la privation d’eau du citoyen égyptien, la destruction de la surface agricole, en plus de l’impact sur la production de l’électricité. Un fait qui entraîne de nombreux risques pour l'Égypte, d’autant plus que les eaux du Nil sont pour nous une question de sécurité nationale, voire « une question de vie ou de mort ».

Cela indique la gravité de cette crise pour la région et l’importance d’intervenir et de lui trouver une solution politique par le truchement des négociations pacifiques, de manière à respecter aussi bien les droits de l'Égypte quant à son quota dans les eaux du Nil que le droit légitime de l'Éthiopie au développement. Cette solution s’inscrit dans le cadre de l’attachement du président al-Sissi à préserver les relations étroites avec les États africains.

L’approche égyptienne relative aux règles du remplissage et du fonctionnement du Barrage de la Renaissance

La vision égyptienne à propos des procédures de remplissage du Barrage repose sur des principes clairs, conformément à l'accord de principes signé entre les trois pays (l'Égypte, le Soudan et l’Éthiopie) en mars 2015.

Le 5ème article de cet accord énonce nécessaire une coopération au niveau des procédures de remplissage du Barrage, de sorte à assurer la réalisation du processus de développement sans nuire aux intérêts d'aucune partie.

Le même article stipule la mise en œuvre des recommandations du comité d'experts internationaux et le respect des résultats du rapport final du comité tripartite des experts à propos des études recommandées dans le rapport final du comité des experts internationaux au cours des différentes phases du projet.

Le 5ème article de cet accord donne également aux trois pays le droit de bénéficier des résultats finaux des études conjointes, recommandés dans le rapport du comité des experts internationaux, et approuvés par le comité tripartite des experts. Ces résultats visent à arriver à un consensus sur les lignes directrices et les règles du premier remplissage du Barrage, y compris tous les scénarios possibles, parallèlement à la construction du Barrage, ainsi que sur celles du fonctionnement annuel du Barrage de la Renaissance, que le propriétaire du Barrage peut modifier de temps à autre.

L’accord juge impératif d’aviser les deux pays d’aval de toute circonstance imprévue ou urgente qui requièrent une modification dans le processus du fonctionnement du Barrage.

Lors d'une séance de dialogue tenue les 30 et 31 juillet écoulé, dans le cadre de la 7e conférence nationale de la jeunesse, tenue dans la Nouvelle Capitale Administrative, le président Abdel-Fattâh al-Sissi a commenté que l'Égypte était consciente des retombées de cette crise. Il a fait état des études élaborées pour estimer la quantité des eaux qui sera réduite du quota de l'Égypte avec le début de la mise en fonction du Barrage de la Renaissance.

Le Président a souligné l'importance « de se mettre d'accord avec les frères en Éthiopie sur la période du remplissage du réservoir du Barrage, de la manière qui nous permet de supporter les dommages. Nous devons bien estimer la quantité des eaux que nous pouvons nous permettre de perdre et qui peut faire l’objet d’un accord loisible ».

L'Égypte veille à approfondir la coopération avec les pays du Bassin du Nil et comprend bien les raisons pour lesquelles ces pays - dont l'Éthiopie - établissent des projets sur le Nil, lesquels visent à servir leurs plans de développement, sans pour autant porter atteinte aux intérêts hydriques des deux pays d’aval, et notamment l'Égypte qui dépend entièrement des eaux du Nil pour répondre à ses besoins hydriques. L'Égypte juge toujours important que la communauté internationale assume un rôle constructif en ce sens et qu’elle exhorte toutes les parties à faire preuve de flexibilité afin de parvenir à un accord mutuellement satisfaisant. 


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