La question du Barrage de la Renaissance (GERD), qui est entrée sa huitième année consécutive, s'est imposée récemment sur le cours des évènements, surtout après que le Caire a donné une proposition technique équitable. Laquelle proposition prend en considération les intérêts de l'Éthiopie et ses besoins en électricité sans pour autant porter préjudice aux intérêts hydriques de l'Égypte et à son quota en eau du Nil, estimée à 55 milliards de m3, en vertu des accords signés entre l'Égypte et l'Éthiopie ou ceux qui parlaient à leurs noms (le Protocole de Rome en 1891, le Protocole d'Addis-Abeba en 1902, le Protocole de Londres en 1906, le Protocole de Rome en 1926 et le Cadre de la coopération entre l'Égypte et l'Éthiopie en 1993). Tous ces accords ont prévu la préservation des ressources hydriques des deux États d'aval et un engagement à ne pas nuire à leurs intérêts hydriques par la construction de barrages ou par la mise en œuvre de projets, qui peuvent entraver le flux de l'eau vers ces pays sans accord entre les chefs de trois États.Selon le Porte-parole de la présidence, Bassam Radi, comme les négociations directes entre les trois pays n’ont pas abouti aux résultats escomptés, en dépit de l'écoulement de quatre ans depuis la signature de la déclaration de principes en 2015, la situation impose la recherche d'un rôle international efficace. Lequel doit contribuer à surmonter le trébuchement des négociations, à rapprocher les points de vue entre les trois pays, et à parvenir à un accord juste et équilibré, basé sur le respect des dispositions du Droit international, qui régit la gestion et l'utilisation des fleuves internationales, et qui permet aux États de profiter de leurs ressources en eau sans porter préjudice aux intérêts ni aux droits des autres parties. Radi a fait allusion au discours prononcé par le Président Abdel Fattah al-Sissi devant l'Assemblée générale des Nations Unies, et dans lequel il a déclaré l’ouverture de l’Égypte à toute médiation internationale visant à parvenir à l’accord requis.Le Président accueille favorablement la médiation américaineLe porte-parole de la présidence a déclaré que l'Égypte avait accueilli favorablement la déclaration émise par la Maison Blanche concernant les négociations en cours sur le Barrage de la Renaissance. Cette déclaration a mis l'accent sur le soutien qu'accordent les États-Unis à l'Égypte, au Soudan et à l'Éthiopie pour parvenir à un accord sur les règles de remplissage et de fonctionnement du Barrage éthiopien, de manière à réaliser les intérêts communs des trois pays. Les États-Unis ont également prôné les trois parties de faire preuve de bonnes intentions pour parvenir à un accord qui préserve aussi bien le droit au développement économique et à la prospérité que les droits d'autrui dans les eaux du Nil.Dans un communiqué publié le 22 octobre 2019 par le ministère des Affaires étrangères, l'Égypte a exprimé son inquiétude et son profond regret vis-à-vis des propos, « si vrais », devant le Parlement éthiopien, que les médias ont diffusés et attribués au Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et qui comprennent des connotations négatives et des allusions inacceptables concernant la manière de traiter avec la question du Barrage de la Renaissance. Or, l'Égypte refuse ces propos, puisqu’il est inapproprié de faire des propositions qui recèlent des options militaires, lesquelles dérogent aux textes, aux principes et à l’esprit même de la loi de l’Union Africaine. De plus, l'Égypte n'a abordé cette question à n’importe quel moment qu’à travers les cadres de négociation, conformes aux principes du Droit et de la légitimité internationaux et aux règles de la justice et de l’équité. Elle a même, pendant de longues années, appelé aux négociations avec pleines transparence et bonne foi, les considérant comme le moyen de régler les discordes liées au Barrage de la Renaissance entre les trois pays.Soucieuse de sortir de l'impasse à laquelle sont arrivées les négociations autour du GERD, l'administration américaine a convoqué une réunion des ministres des Affaires étrangères des trois pays, à savoir l'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie, à Washington. Une invitation que l'Égypte a immédiatement acceptée, étant en harmonie avec sa politique immuable, relative à l’activation des articles de la Déclaration de principes, et compte tenu de sa confiance dans les bons offices des États-Unis. En ce qui concerne les résultats de la réunion tripartite des ministères de l'Irrigation de l'Égypte, du Soudan et de l'Éthiopie, tenue au Caire en octobre 2019, pour débattre le dossier du Barrage de la Renaissance, le Président al-Sissi a déclaré sur les réseaux sociaux qu’elle n’a pas abouti à un résultat positif, ajoutant que l'État égyptien, avec toutes ses institutions, tient à protéger les droits égyptiens dans les eaux du Nil, que l’Égypte continuera à prendre toutes les mesures politiques nécessaires, dans le cadre des dispositions du Droit international, pour les protéger, et que le Nil éternel continuera à couler fermement et à attacher le Sud au Nord avec des liens de l’histoire et de la géographie.Lors de son discours prononcé au cours de la 74e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le Président al-Sissi a fait état devant la communauté internationale du point de vue de l’Égypte vis-à-vis de la question du Barrage de la Renaissance. « Les eaux du Nil sont une question de vie et d'existence », a-t-il affirmé, qualifiant d’ « indice dangereux » la décision unilatérale prise par l’Éthiopie, relatif au remplissage du Barrage de la Renaissance avant de parvenir avec les autres parties concernées ni à un accord ni à un cadre organisationnel, car elle signifie la réduction du quota des eaux du Nil qui arrive à l’Égypte, ce qui s’inscrit aux dépens du citoyen égyptien, d’où ses graves retombées, d’autant plus que les eaux du Nil est une question de sécurité nationale, voire « une question de vie ou de mort ».Ces déclarations du Président, qui mettent en garde contre les répercussions de cette crise sur la région, ont été un appel pour lui trouver un règlement politique par le truchement des négociations pacifiques, susceptibles de sauvegarder les droits de l’Égypte dans les eaux du Nil, sans pour autant nier le droit légitime de l’Éthiopie au développement. Elles prouvent l'attachement du Président à garder solides les relations entre les pays du Continent.La proposition égyptienne relative aux règles du remplissage et du fonctionnement du GERD :La vision égyptienne quant aux mesures de remplissage du Barrage s'appuie sur des constants bien évidents, conformément aux dispositions de la Déclaration de principes, signée par l'Égypte, l'Éthiopie et le Soudan en mars 2015. La 5ème clause de cette déclaration prévoit impératif d'établir une coopération en matière des mesures de remplissage du Barrage, de sorte à garantir la réalisation du processus de développement sans pour autant faire du tort aux intérêts d'une partie quelconque. Ladite clause stipule aussi la mise à exécution des recommandations du comité d'experts internationaux et le respect des conclusions définitives du rapport final du comité tripartie des experts sur les études préconisées par le rapport final élaboré par le comité d'experts internationaux au cours de diverses phases du projet.La même clause donne également le droit aux trois pays de profiter des résultats finaux des études conjointes préconisées par le rapport final du comité d'experts internationaux et convenus par le comité tripartite des experts. L'objectif de ladite clause est de parvenir à un consensus sur les lignes directrices et les règles du premier remplissage du Barrage, lesquelles comportent tous les éventuels scenarios et cela en parallèle avec le processus de la construction du Barrage. L'autre objectif de cette clause est de convenir des lignes directrices et des règles du fonctionnement annuel du Barrage de la Renaissance, dont il est permis au propriétaire de modifier de temps à autre.La Déclaration de principes juge impératif de notifier les deux pays d’aval de toute circonstance imprévue ou urgente qui exige une modification dans le processus du fonctionnement du Barrage.Lors d'une séance-débat, tenue les 30 et 31 juillet 2019 dans le cadre de la 7e conférence nationale de la jeunesse organisée dans la Nouvelle Capitale Administrative, le président al-Sissi a affirmé que l'Égypte était consciente de la crise. Dans cette perspective, al-Sissi a évoqué les études élaborées afin d'évaluer la quantité d'eau qui sera réduite du quota de l'Égypte en eau du Nil, avec le début de la mise en fonction du Barrage. « Il est crucial, a ajouté le Président, que nous convenions avec les frères en Éthiopie de la période du remplissage du réservoir du Barrage de manière que nous puissions en supporter les effets néfastes. Nous devons estimer la quantité d'eau dont nous pouvons supporter la perte et à propos de laquelle nous pouvons nous mettre d'accord ».L'Égypte tient à approfondir la coopération avec les pays du bassin du Nil et comprend bien l'établissement par ces pays, dont l'Éthiopie, de projets sur le Nil au service de leurs plans de développement, sans toutefois porter atteinte aux intérêts hydriques des deux pays d'aval, et notamment de l'Égypte qui dépend totalement du Nil dans ses besoins en eau. A cette fin, l'Égypte a toujours jugé important que la communauté internationale assume un rôle constructif pour exhorter toutes les parties à faire preuve de flexibilité afin de parvenir à une solution satisfaisante pour tous.Les pourparlers de Washington (6 novembre 2019) : l'Égypte favorable au rôle américainLes réunions des ministres des Affaires étrangères de l'Égypte, du Soudan et de l'Éthiopie ont été tenues le 6 novembre 2019 à Washington, sous le parrainage des États-Unis et en présence des représentants de la Banque Mondiale (BM). Le président américain a déclaré que ces entretiens s'étaient bien déroulés en faveur d'une solution satisfaisante pour toutes les parties concernées et qu'ils ont débouché sur des résultats positifs qui servent à ajuster le cap des négociations relatives au Barrage de la Renaissance. L'Égypte a confirmé, par l'intermédiaire de son ministre des affaires étrangères, Sameh Choukri, que la réunion, qui s’est étalée sur deux jours, avait abouti à des résultats positifs, susceptibles de contrôler le processus de négociation et de leur fixer un calendrier clair et précis.Quatre réunions urgentes des ministres de l'irrigation de l'Égypte, du Soudan et de l'Éthiopie, avec la participation de représentants des États-Unis et de la Banque mondiale en tant qu’observateurs, doivent être tenues au cours des prochains deux mois pour parvenir à un accord sur le remplissage et le fonctionnement du Barrage. Ces réunions comprendront deux rencontres entre les ministres des Affaires étrangères à Washington, à l'invitation du secrétaire du Trésor des États-Unis pour évaluer les progrès réalisés.À l’issue de ces réunions, le département du Trésor des États-Unis a publié un communiqué commun, annonçant la tenue à Washington de deux réunions des ministres des Affaires étrangères des trois pays, prévues les 9 décembre et 12 janvier pour faire le point du progrès des négociations au niveau des ministres de l’Irrigation des trois pays.Selon le communiqué, au cas où aucun accord ne sera conclu d'ici le 15 janvier prochain, les ministres des Affaires étrangères de trois pays s'entendront à appliquer l'article X de la Déclaration de principes, qui a été ratifiée par les directions politiques des trois pays en mars 2015 à Khartoum. Ledit article stipule que dans le cas où les parties concernées par la question du Barrage de la Renaissance ne parviennent pas à résoudre le différend à travers les délibérations, elles peuvent conjointement demander la réconciliation ou la médiation ou le renvoi de la question aux chefs d’État ou au gouvernement .Le communiqué conjoint a également confirmé que les ministres des Affaires étrangères des pays réunis ont souligné leur engagement commun à parvenir à un accord global, coopératif, flexible, durable et mutuel, et à instaurer des principes pratiques et clairs pour honorer cet engagement, en vertu de la Déclaration de principes.L'Égypte loue le rôle américainLe ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a exprimé l'appréciation du Président al-Sissi vis-à-vis du parrainage du président des États-Unis à ces négociations et de son accueil aux ministres des Affaires étrangères de trois pays, afin de donner une forte impulsion aux pourparlers.Le rôle constructif qu’a joué le Président Trump, a déclaré Choukri, reflète la profondeur des relations entre l’Égypte et les États-Unis, comme il aide à parvenir à un accord sur le remplissage et le fonctionnement du Barrage, et favorise la stabilité et le développement dans la région de l'Afrique de l'Est.L'Égypte s’est félicitée du rôle actif qu’a joué le Secrétaire du Trésor des États-Unis, Steven Mnuchin, qui a présidé la réunion, au cours de laquelle Choukri a souligné que l'Égypte tenait à parvenir à un accord équilibré qui permettrait à l'Éthiopie d'atteindre l'objectif de la construction du Barrage, à savoir la production de l'électricité, sans préjudicier aux intérêts de l'Égypte et à ses droits dans les eaux du Nil.Round d'Addis-Abeba pour les ministres de l'Irrigation les 15 et 16 novembre 2019 :La première réunion des ministres de l'Irrigation de l'Égypte, du Soudan et de l'Éthiopie, tenue les 15 et 16 novembre 2019 avec la participation de représentants des États-Unis et de la Banque mondiale en tant qu'observateurs à Addis-Abeba, a clôturé ses travaux en convenant de poursuivre les délibérations et les débats techniques sur le remplissage et le fonctionnement du GERD dans une prochaine réunion au Caire, les 2 et 3 décembre .Cela est intervenu lors de la séance inaugurale des travaux de la première des quatre réunions, prévues au niveau des ministres et des délégations techniques de l’Égypte, du Soudan et de l’Éthiopie, avec la participation de représentants des États-Unis et de la Banque mondiale. Et ce, à la lumière des résultats de la réunion des chefs de diplomatie des trois États concernés, tenu le 6 novembre 2019 à la capitale américaine Washington, en présence du président de la BM et sous les auspices du ministre américain du Trésor.Engagement égyptien à un accord équitable :Le ministre égyptien de l’Irrigation a affirmé l’engagement de l’Égypte à parvenir à un accord équitable et équilibré en faveur des peuples du Nil oriental. Et de scander que l’Égypte compte sur la réunion des ministres de l’eau et des délégations techniques des trois États, afin de parvenir à un accord sur les questions techniques, objet de polémique, relatives au fonctionnement et au remplissage du Barrage. Il s’est avéré, a poursuivi le responsable égyptien, que la proposition égyptienne avait tablé sur les principes et les règles déjà convenus, et sur les débats techniques relatifs aux interrogations des trois États à propos des offres présentées.Les eaux du Nil est la source de vie de plus de 100 millions d’Égyptiens, a martelé le ministre égyptien, révélant l’existence d’une base immuable à un accord tripartite d’ici janvier prochain, et de propositions relatives au fonctionnement et au remplissage du Barrage.Conjecture soudanaise :De son côté, le ministre soudanais de l’Irrigation et des Ressources hydriques a indiqué que les trois peuples attendaient avec optimisme les résultats de cette réunion importante sur le Barrage de la Renaissance et un accord tripartite sur les questions controversées.Et de préciser que les trois États ont dernièrement consenti de grands efforts au cours des rounds de négociations, bien que la question du remplissage du Barrage reste un objet de polémique, d’où l’importance de la bonne foi pendant les négociations, afin de parvenir à un accord satisfaisant.L’Éthiopie engagée aux négociations :Pour sa part, le ministre éthiopien de l’Eau et de l’Irrigation a fait savoir que son pays était engagé aux négociations sur base de la réalisation du principe de l’usage équitable et équilibré des eaux du Nil. Et d’ajouter que l’Éthiopie cherche à mettre en vigueur ce qui a été convenu entre les dirigeants des trois États, et à parvenir à un accord sur les règles du remplissage et du fonctionnement du GERD. Soulignant que les représentants des États-Unis et de la BM n’exprimeront pas leur point de vue au cours de ces réunions.Faisant état des travaux de construction du GERD, le responsable éthiopien a révélé que l’Éthiopie avait achevé le barrage latéral, et que le taux de l’achèvement des principaux travaux avait atteint 91% et des travaux civils 85%, alors que les travaux techniques électrohydrauliques étaient achevés à 29% et que l’infrastructure était terminée à 70%. Et d’ajouter que les travaux de construction globale sont achevés à 69,37%, et que l’État œuvre en vue de les terminer à la date prescrite.« Nous prévoyons le remplissage du barrage au cours de la saison des pluies de l’année 2020, et nous donnons la priorité aux plants que nous cultiverons pour augmenter les ressources hydriques », a conclu le ministre éthiopien.
La crise du Barrage de la Renaissance, qui vient de franchir le seuil de huit ans, s’impose toujours sur le cours des événements, surtout après la proposition technique équitable que le Caire a mise en avant.
Cette proposition prend en compte les intérêts de l’Éthiopie et ses besoins en électricité, qu’elle prévoit satisfaire en construisant ce Barrage, sans pour autant desservir largement les intérêts hydriques de l’Égypte et réduire son quota dans les eaux du Nil, estimé selon le Traité de 1959 sur le partage des eaux du Nil à 55 milliards de m3.
L’Égypte a fait cette initiative après que les négociations directes qui ont été entreprises entre les trois pays concernés, depuis la signature de l’Accord de principe en 2015, se sont trouvées dans un cul-de-sac.
Ces négociations qui se sont étalées le long des quatre dernières années n’ont pas, hélas !, abouti à un progrès tangible, d’où la nécessité impérieuse d’un rôle international efficace, attendu pour passer outre le trébuchement des négociations, pour rapprocher les points de vue des trois parties concernées, pour parvenir à un règlement équitable et équilibré, fondé sur le respect des dispositions de la loi internationale qui orchestrent la gestion et l’usage des fleuves dans le monde et qui permettent aux États de profiter de leurs ressources hydriques sans porter préjudice aux intérêts et aux droits des autres parties.
Ces éclaircissements ont été fournis par le porte-parole de la Présidence égyptienne, l’ambassadeur Bassâm Râdi, qui a commenté le discours du Président Abdel-Fattâh al-Sissi devant l’Assemblée générale de l’ONU, dans lequel il a affirmé que l’Égypte accueillait favorablement tout effort international consenti à titre de médiation pour parvenir à l’accord requis.
Râdi a également annoncé que l’Égypte accueillait favorablement la déclaration émise par la Blanche et relative aux négociations en cours sur le Barrage de la Renaissance.
La dite-déclaration affirme le soutien qu’accordent les États-Unis à l'Égypte, au Soudan et à l’Éthiopie, afin de parvenir à un accord sur les bases du remplissage et du fonctionnement du Barrage éthiopien de la Renaissance, de sorte à contribuer à la réalisation des intérêts communs des trois États.
Dans la même déclaration, les États-Unis ont demandé aux trois parties de faire preuve de bonnes intentions, afin d’envisager un accord susceptible de préserver le droit au développement économique et à la prospérité, tout en engageant chaque partie à respecter les droits de l’autre dans les eaux du Nil.
Quant à la réunion tripartite des ministères de l'irrigation de l'Égypte, du Soudan et de l'Éthiopie, tenue en octobre 2019 au Caire pour débattre sur le dossier du Barrage de la Renaissance, le Président al-Sissi a déclaré sur les réseaux sociaux qu’elle n’a pas abouti à un résultat positif, ajoutant que « l'État égyptien, avec toutes ses institutions, tient à protéger les droits égyptiens dans les eaux du Nil, que l’Égypte continuera à prendre toutes les mesures politiques nécessaires pour protéger ces droits, dans le cadre des dispositions de la loi internationale, et que ce Nil éternel continuera à attacher fermement le Sud au Nord avec les liens de l’histoire et de la géographie ».
Dans le cadre des efforts égyptiens, déployés pour mettre la communauté internationale face à ses responsabilités, le Président al-Sissi a fait état du point de vue de l’Égypte vis-à-vis de la crise du Barrage de la Renaissance lors de son discours devant la 74e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Il a alors affirmé que les eaux du Nil était une question de vie et d'existence, et que la décision unilatérale prise par l’Éthiopie et relatif au remplissage du Barrage de la Renaissance avant de parvenir avec les autres parties concernées ni à un accord ni à un cadre organisationnel était un indicateur de risque qui signifie la réduction du quota qui doit nous arriver, la privation d’eau du citoyen égyptien, la destruction de la surface agricole, en plus de l’impact sur la production de l’électricité. Un fait qui entraîne de nombreux risques pour l'Égypte, d’autant plus que les eaux du Nil sont pour nous une question de sécurité nationale, voire « une question de vie ou de mort ».
Cela indique la gravité de cette crise pour la région et l’importance d’intervenir et de lui trouver une solution politique par le truchement des négociations pacifiques, de manière à respecter aussi bien les droits de l'Égypte quant à son quota dans les eaux du Nil que le droit légitime de l'Éthiopie au développement. Cette solution s’inscrit dans le cadre de l’attachement du président al-Sissi à préserver les relations étroites avec les États africains.
L’approche égyptienne relative aux règles du remplissage et du fonctionnement du Barrage de la Renaissance
La vision égyptienne à propos des procédures de remplissage du Barrage repose sur des principes clairs, conformément à l'accord de principes signé entre les trois pays (l'Égypte, le Soudan et l’Éthiopie) en mars 2015.
Le 5ème article de cet accord énonce nécessaire une coopération au niveau des procédures de remplissage du Barrage, de sorte à assurer la réalisation du processus de développement sans nuire aux intérêts d'aucune partie.
Le même article stipule la mise en œuvre des recommandations du comité d'experts internationaux et le respect des résultats du rapport final du comité tripartite des experts à propos des études recommandées dans le rapport final du comité des experts internationaux au cours des différentes phases du projet.
Le 5ème article de cet accord donne également aux trois pays le droit de bénéficier des résultats finaux des études conjointes, recommandés dans le rapport du comité des experts internationaux, et approuvés par le comité tripartite des experts. Ces résultats visent à arriver à un consensus sur les lignes directrices et les règles du premier remplissage du Barrage, y compris tous les scénarios possibles, parallèlement à la construction du Barrage, ainsi que sur celles du fonctionnement annuel du Barrage de la Renaissance, que le propriétaire du Barrage peut modifier de temps à autre.
L’accord juge impératif d’aviser les deux pays d’aval de toute circonstance imprévue ou urgente qui requièrent une modification dans le processus du fonctionnement du Barrage.
Lors d'une séance de dialogue tenue les 30 et 31 juillet écoulé, dans le cadre de la 7e conférence nationale de la jeunesse, tenue dans la Nouvelle Capitale Administrative, le président Abdel-Fattâh al-Sissi a commenté que l'Égypte était consciente des retombées de cette crise. Il a fait état des études élaborées pour estimer la quantité des eaux qui sera réduite du quota de l'Égypte avec le début de la mise en fonction du Barrage de la Renaissance.
Le Président a souligné l'importance « de se mettre d'accord avec les frères en Éthiopie sur la période du remplissage du réservoir du Barrage, de la manière qui nous permet de supporter les dommages. Nous devons bien estimer la quantité des eaux que nous pouvons nous permettre de perdre et qui peut faire l’objet d’un accord loisible ».
L'Égypte veille à approfondir la coopération avec les pays du Bassin du Nil et comprend bien les raisons pour lesquelles ces pays - dont l'Éthiopie - établissent des projets sur le Nil, lesquels visent à servir leurs plans de développement, sans pour autant porter atteinte aux intérêts hydriques des deux pays d’aval, et notamment l'Égypte qui dépend entièrement des eaux du Nil pour répondre à ses besoins hydriques. L'Égypte juge toujours important que la communauté internationale assume un rôle constructif en ce sens et qu’elle exhorte toutes les parties à faire preuve de flexibilité afin de parvenir à un accord mutuellement satisfaisant.